L’HÉRITAGE MANFRED

• Publié le 27 janvier 2020
• Par Carl Lemelin
• Publié dans 2020, Alex Cora, Astros de Houston, Carlos Beltran, mlb, Robert Manfred, Vols de signaux
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Le scandale des vols de signaux impliquant l'édition 2017 des Astros de Houston continuera de faire jaser au cours des prochaines semaines/mois. Voici les commentaires de Carl Lemelin sur cette affaire!

Ça semble inévitable. Tous les commissaires du baseball auront tôt ou tard leur dossier
chaud à régler. Pour Bud Selig, ce fut l’ère des stéroïdes et l’inégalité des marchés.
Kenesaw Mountain Landis, le tout premier commissaire, a dû légiférer dans l’affaire du
scandale des Black Sox.

Le patron actuel de la MLB Rob Manfred vient peut-être de créer un précédent essentiel
en agissant de façon prompte et décisive dans l’affaire des vols de signaux dont ont été
accusés les Astros de Houston. Le blâme fut distribué à tous les niveaux de
l’organisation fautive. Les Astros ont dû payer une amende de 5 millions de dollars, le
maximum alloué par la constitution de la MLB, et se sont vus retirer leurs choix de
première et deuxième rondes en 2020 et 2021. De plus le D.G. Jeff Luhnow et le gérant
AJ Hinch ont été suspendus pour toute la saison 2020, incluant les séries.

Ces deux figures-clé de la récente série de succès des Astros ont aussitôt été congédiés.
Même s’ils n’étaient pas directement impliqués dans la conception du stratagème, ils
sont coupables, à tout le moins, d’extrême négligence.

D’autres mesures disciplinaires sont susceptibles de se rajouter, alors que Alex Cora
(alors instructeur au banc) et Carlos Beltran (ancien joueur) ont été reconnus coupables
d’être les grands instigateurs de la ruse. Les deux ont depuis été congédiés de leur
poste de gérant. Beltran, récemment embauché par les Mets, perd ainsi le privilège
d’amorcer une nouvelle carrière.

Le message est clair et, je rajouterais, louable : utiliser la technologie moderne afin
d’obtenir un avantage compétitif en direct durant un match ne sera pas une pratique
tolérée.

OÙ TRACER LA LIGNE ?

On en parle partout comme le scandale de vol de signaux, mais la pratique d’espionnage
des signaux adverses fait partie du baseball depuis que les receveurs agitent les doigts
pour leur lanceur et que les entraîneurs au troisième but performent leur meilleure
imitation d’un mime français. Aucun règlement du livre n’interdit cette stratégie.

Tenter de décoder les séquences de signaux à partir de l’abris ou comme coureur au
deuxième but a toujours été une tactique mal vue par l’adversaire, mais ventée par les
observateurs comme stratégie ingénieuse, l’une des façons de prouver son dévouement
dans la poursuite de la victoire.

Alors si voler les signaux n’est pas tricher, pourquoi les Astros sont-ils traités de
tricheurs ?

À cause de la méthode employée. Les yeux des joueurs et leur sens de l’observation sur
le terrain sont simplement des outils à l’arsenal de l’équipe, mais le stratagème à
Houston dépendait entièrement d’une collecte de données par vidéo qui assurait que
leurs frappeurs sauraient quel type de lancer ils affrontaient à chacune de leur présence
au bâton.

Se servir d’ordinateurs et algorithmes pour assister à la préparation d’un plan de match
est maintenant pratique commune dans le sport professionnel. Mais de là à appliquer
les connaissances acquises électroniquement de façon instantanément pendant un
match (une rumeur veut que Jose Altuve et Alex Bregman auraient même porté des
avertisseurs électroniques sous leur uniforme), affectant le résultat à l’aide d’images en
direct sur moniteurs ? C’est là que la ligne doit être tracée et je suis ravi que Manfred
l’ait fait sans équivoque!

LE LANCEUR D’ALERTE

Lors d’une entrevue récente, le lanceur Trevor Bauer a confirmé que les rumeurs
circulaient parmi les joueurs de la MLB sur les tactiques douteuses des Astros. Personne
n’a osé se prononcer publiquement puisque c’était impossible à prouver hors de tout
doute. Après tout, comme le mentionne Bauer, l’organisation de Houston avait déjà une
réputation bien cultivée pour son niveau de sophistication quant aux techniques de
dépistage de l’adversaire.

Les joueurs adverses pouvaient entendre quelqu’un frapper sur des poubelles, ce qui
éveillait certains soupçons, mais la première piste concrète n’est apparue qu’avec le
témoignage de l’ex-lanceur des Astros Mike Fiers (maintenant membre des rivaux de
division A’s d’Oakland). Fiers qui, semble-t-il, en avait assez d’être maintenant une
victime de l’injustice, a finalement révélé le complot au monde entier lors d’une
entrevue avec un journaliste.

Depuis Fiers subit le traitement habituellement réservé aux lanceurs d’alerte, ce
contrecoup injustifié du cercle intérieur de l’industrie, ou même d’une partie de la
population pour… AVOIR DIT LA VÉRITÉ!

Apparemment Fiers aurait enfreint un code de conduite : sa révélation d’un secret du
vestiaire en ferait un coéquipier indigne de confiance.

Vraiment ? Nous sommes en 2020 et nous permettons encore la crucifixion sur la place
publique de gens qui… ÉCOUTENT LEUR CONSCIENCE ?

Avez-vous vu le film Edward Snowden ? Quelle personne saine peut-elle se ranger du
côté de « Big Brother » dans une pareille histoire?

Enfreindre la loi (ou dans le cas présent, les règles du jeu) est la cause du scandale, pas
l’acte de l’exposer. De grâce, lâchez Mike Fiers ! Il devrait faire figure de héros dans
cette histoire plutôt que de se faire regarder de travers par ses pairs.

*NDLR : Un petit changement de plan pour ce blog. Il fallait absolument aborder ce
sujet-chaud. Les résolutions de la Ligue nationale pour tous les 15 clubs dans deux
semaines.

Faites-nous part de votre point de vue concernant le scandale des Astros. Ça soulève
tellement d’opinions divergentes à savoir à quel point les tactiques cessent d’être de la
stratégie et deviennent plutôt de la tricherie. Nous voulons votre son de cloche !