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L’ÉVOLUTION AU MONTICULE : LE « SPIN RATE »

  • Publié le
  • Par Carl Lemelin
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L’ÉVOLUTION AU MONTICULE : LE « SPIN RATE »

L'approche « spin rate » va-t-elle signifier la disparition d'artistes du monticule comme Greg Maddux ?

Au mois de mai, nous mettions la lumière sur la nouvelle école de pensée chez les instructeurs des frappeurs, et particulièrement cette approche de style « launch angle », qui a pris de l’ampleur depuis l’avènement de la technologie Statcast. Le baseball étant l’ultime sport d’ajustements, il était inévitable que les entraîneurs des lanceurs aillent élaborer une contre-stratégie à cette nouvelle façon dont les cogneurs attaquent leurs protégés.

La réponse Statcast des lanceurs au « launch angle » ? Le « spin rate » (taux de rotation).

LE TAUX DE ROTATION FAIT FOI DE TOUT

C’était bien connu, il y a trois facteurs qui influencent la performance au monticule : la vélocité, le mouvement et l’emplacement. Même si cet adage garde sa portée à ce jour, nous en connaissons davantage sur les principes de la physique qui affectent la balle et produisent l’effet désiré sur la perception d’un lancer de la part du frappeur.

Parce qu’essentiellement, c’est ça lancer : perturber le timing du frappeur en faussant sa perception. L’artilleur essaie de déjouer le frappeur soit : en lançant la balle à un vitesse autre que celle dont s’attend le frappeur, en faisant dévier la balle de sa trajectoire originale, ou en visant un emplacement inattendu du frappeur. Un lancer parfait accomplit tous les trois !

L’emplacement visé est généralement atteint grâce à une bonne mécanique. Une bonne vélocité est le fruit d’une saine combinaison de forte conception génétique et de bonne mécanique. Mais pour faire « danser » la balle, ça prend de la rotation, beaucoup de rotation !

Plusieurs savent que le spin fait bouger la balle du coin intérieur au coin extérieur et vice-versa, et peut aussi faire tomber la balle abruptement. Ce que plusieurs ne savent pas est que le « spin rate » affecte aussi la trajectoire et la vélocité perçue de la balle rapide « 4-seam » (à 4 coutures).

En fait, la recherche menée sur l’aérodynamique du baseball a prouvé que plus on applique d’effet rétro sur la balle, moins il y a de résistance (« drag ») sur celle-ci lors de son envol. Ça signifie que la force de la gravité est contrée par l’effet rétro et une force vers le haut nommée Magnus, qui permet à la balle de maintenir une trajectoire plus droite avec une moins grande perte dynamique.

Si vous avez déjà fait face à un lanceur de puissance, vous savez qu’il est extrêmement difficile de ne pas s’élancer sur une rapide à la hauteur des épaules. C’est ce qui explique ce phénomène : primo, la trajectoire de la balle est plus près de votre plan de vision, donc vous semble très frappable; secondo, votre perception de la vitesse du lancer est faussée, puisque vous perdez l’angle du haut de la trajectoire dont vous profitez sur les lancers plus bas (comme une rapide aux genoux).

Il suffit de jeter un coup d’œil à la liste des meneurs de la MLB en 2019 quant au « spin rate » sur les rapides « 4-seam » pour une preuve de son effet positif sur la performance des lanceurs.

Mike Minor, des Rangers, a terminé au premier rang de cette liste la saison dernière avec un « spin rate » de 2650 rpm sur ses rapides « 4-seam », et il a connu la meilleur campagne de sa carrière. En 2018, son « spin rate » était de 2543 rpm, très bien, mais pas assez pour se classer parmi les 10 meilleurs. Ce n’est donc pas une coïncidence que son Whiff% (pourcentage d’élans dans le vide) sur rapides « 4-seam » s’est amélioré de 18.5 % en 2018 à 23.3 % en 2019.

Vous voulez une autre preuve ? Les candidats à une lutte hyper serrée pour le Cy Young et coéquipiers des Astros Justin Verlander et Cole Hamels se sont classés 2ème et 4ème respectivement dans les majeures pour le « spin rate » sur rapides « 4-seam » en 2019.

UNE RÉPONSE LOGIQUE À L’APPROCHE « LAUNCH ANGLE »

Le mois dernier, j’ai mentionné que les données Statcast avaient contribuées à modifier l’approche mécanique des instructeurs des frappeurs. Pour généraliser, au lieu d’un élan court avec une approche directe du haut vers le bas au plan de la balle, la nouvelle tendance est plutôt d’enseigner une mise en place rapide du baril au niveau du plan de la balle avec un angle d’attaque légèrement vers le haut.

Les coachs des lanceurs qui analysent cette nouvelle façon d’attaquer leurs clients ne peuvent en venir qu’à une seule contre-stratégie logique.

Puisque la gravité fait en sorte qu’il est plus facile pour le frappeur d’envoyer le baril vers le bas et qu’à l’opposé on les encourage à s’élancer avec un léger « uppercut », la rapide « 4-seam » doit devenir le lancer de choix, pour mieux se tenir au-dessus du baril.

« Puisque chaque contact inflige maintenant plus de dommage, il devient impératif de tenter de l’éviter le plus possible », se disent maintenant les instructeurs.

Les années 90 et 2000 furent peuplées d’artistes dominants tels les Greg Maddux, Kevin Brown et Tim Hudson, pour qui l’efficacité se résumait à la recherche de faibles contacts. Pour eux, les apparitions de moins de 3 lancers qui résultent en de faibles roulants étaient préférables aux retraits sur des prises, qui nécessitent un plus grand nombre de lancers.

Mais une approche au bâton à haut risque/récompense élevée met maintenant l’emphase sur une stratégie toute en puissance au monticule, au détriment de l’art de la déception, qui elle exploitait plutôt la maîtrise, le mouvement et la variation de vitesse pour confondre l’alignement adverse.

Les partants sont retirés beaucoup plus rapidement, circuits et retraits sur des prises explosent, ce qui veut dire moins de balles en jeu et moins de jeux spectaculaires en défensive. Vous ne croyez pas que c’est dommage, vous ?

J’ignore encore la forme que ça prendra, mais je suis convaincu que le sport s’auto-ajustera éventuellement pour redevenir ce superbe jeu rempli de stratégie et de balles en jeu qui a toujours su captiver notre imagination…  Et ce sera un joyeux renversement de situation !

Laissez-nous savoir ce que vous pensez de l’état actuel de notre sport en publiant vos commentaires ci-bas.

Commentaires

  1. Catherine Bourgoin Catherine Bourgoin

    Bonjour M.Lemelin, j'ai remarqué votre blogue par hasard. Il serait intéressant de vous lire sur le Grand Club RDS! C'est une belle plateforme de blogue et ça aide à la visibilité. On partage certains articles sur notre page RDS Facebook. Sur le Grand Club, vous pouvez copier coller vos billets, par exemple, celui qui parle des lanceurs avec la photo de Greg Maddux, et inclure un lien vers votre page originale. Si jamais ça vous intéresse, voici le lien pour commencer https://www.rds.ca/grand-club et n'hésitez pas pour toute question ou commentaire. Au plaisir de vous lire à nouveau.

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